Aller au contenu principal
Fermer

Immobilier : ces banquiers qui calculent vos intérêts à leur avantage
information fournie par Le Figaro 30/11/2015 à 15:45

Le recours à une année «lombarde» de 360 jours au lieu de 365 pour calculer les intérêts d’un prêt immobilier a plusieurs fois été condamné par la justice. Mais la pratique est maintenue par certaines banques.

Il faut croire que la terre tourne autrement en Lombardie que dans le reste de la planète. L’année «lombarde», utilisée depuis des siècles par les banquiers ne compte en effet que 360 jours, soit 12 mois de 30 jours. Et c’est sur ce principe, officiellement pour des raisons de simplification, que s’appuient bon nombre d’établissements financiers pour calculer les intérêts d’un prêt immobilier. Une pratique source d’un bras de fer juridique entre banquiers et avocats ou associations de consommateurs et qui a déjà donné lieu à quelques condamnations.

Comme le révèle Le Parisien dans son édition de lundi, la banque LCL a diffusé auprès de ses conseillers clientèle une note «A ne pas remettre à la clientèle. Argumentaire à usage uniquement oral», visant à décourager les recours en justice éventuels des emprunteurs. Alors que cette pratique est de plus en plus souvent évoquée par les médias, il s’agit d’éviter de coûteuses procédures. Car en cas d’annulation, les prêts retoqués peuvent être réduit au taux légal, sous la barre des 1 %.

Incompréhensible pour un particulier

Concrètement, la méthode de calcul ne change rien sur une année pleine sur les échéances classiques puisque dans un cas de figure les intérêts se répartissent sur 12 mois moyens de 30 jours contre 12 mois moyens de 30,416 jours pour une année «normale». Les choses se corsent pour les intérêts intercalaires, ceux correspondant à des mois incomplets. Admettons que vous ayez souscrit un prêt de 100.000 euros à 3 % avec prélèvement le 25 du mois. Si le prêt démarre le 10, il y aura une premier versement d’intérêts sur 15 jours. Dans ce cas le montant vaudra (100.000 x 3 %) x (15/360) = 125 euros pour une année lombarde contre (100.000 x 3 %) x (15/365) = 123,29 euros pour une année civile normale. Soit 1,71 euro d’écart.

«La différence est faible, mais lorsque l’on cumule cela sur tous les prêts accordés, cela représente des sommes importantes ne correspondant à aucun service supplémentaire, souligne l’avocate Ganaëlle Soussens, spécialiste du droit immobilier. Et puis pour un particulier, c’est incompréhensible d’avoir un taux conventionnel de son prêt calculé sur 360 jours alors que le taux effectif global (TEG) doit, lui, être calculé sur 365 jours.» Comme le rappelle cette spécialiste, l’obligation de recourir à des calculs sur 365 jours ne concerne que les particuliers puisque le recours à l’année lombarde est autorisé dans un cadre professionnel.

Prescription après 5 ans

Selon l’avocate, une décision de la cour d’appel de Versailles du 2 avril 2015 prolonge un arrêt de la cour de cassation de juin 2013 condamnant «sans ambiguïté» le recours à cette année lombarde. Si plusieurs établissements ont depuis fait évoluer leurs modes de calcul des intérêts, ce n’est pas le cas pour toutes les banques. Seraient alors contestables les prêts remontant à moins de 5 ans mentionnant le recours à une année de 360 jours. Les associations de consommateurs, l’Afub (association française des usagers des banques) et des sociétés spécialisées se proposent de soutenir les clients dans leurs démarches moyennant des frais d’adhésion.

Il peut y avoir gros à gagner puisque les prêts retoqués par la justice doivent être alignés sur le taux légal, désormais fixé chaque semestre (actuellement à 0,99 %). Selon les jurisprudences, le taux du crédit peut alors suivre l’évolution du taux légal sur toute la période du crédit voire être fixé une fois pour toute à sa valeur au moment de la signature du prêt (solution encore plus avantageuse pour l’emprunteur).

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Des députés proposent que les nouveaux propriétaires bailleurs puissent déduire chaque année du montant de leurs revenus locatifs 3 % du prix d’achat du bien. (illustration) (Sephelonor / Pixabay)
    information fournie par Boursorama avec Newsgene 22.10.2025 13:21 

    Des députés ont déposé des amendements proposant un nouveau statut fiscal pour les bailleurs privés. Mais ils ont été rejetés par la commission des finances. Le nouveau ministre du Logement, Vincent Jeanbrun, a promis d’intégrer la création d’un statut fiscal du ... Lire la suite

  • SOFIDY
    information fournie par Sofidy 22.10.2025 12:04 

    La SCPI Immorente de Sofidy réalise une nouvelle acquisition d'un immeuble de bureaux en plein cœur de Lille, au pied des deux gares Lille-Flandres et Lille-Europe, d'une surface de 3 327 m², dans un emplacement privilégié. Cet investissement, intervenant quelques ... Lire la suite

  • Méfiez-vous des trous de garanties lorsque vous changez d'assurance emprunteur ( Crédits photo: ©  Krakenimages.com - stock.adobe.com)
    information fournie par Moneyvox 22.10.2025 11:11 

    Vous envisagez de changer de contrat pour l'assurance de votre crédit immobilier ? Attention : malgré le principe d'équivalence des garanties, ce changement peut avoir des conséquences fâcheuses. Jusqu'à -27 % sur le prix de votre assurance emprunteur : voici ce ... Lire la suite

  • Crédit photo : Shutterstock
    information fournie par Mingzi 22.10.2025 08:15 

    Face à la flambée des loyers et à la crise du logement, la Ville de Paris s'attaque au « coliving », ce nouveau modèle d'habitat partagé prisé des investisseurs. Accusé de contourner l'encadrement des loyers, il séduit pourtant de nombreux jeunes actifs. Faut-il ... Lire la suite

Pages les plus populaires